Hors-série. Tellement j’ai eu de rebondissements en deux jours, cela méritait bien un article, non illustré et assez long à écrire.
Pour placer le contexte, un ami m’a obtenu une très bonne affaire pour acquérir des plaques de polyuréthanes afin d’isoler mon toit terrasse, petit détail, je devais aller les chercher du côté d’Agen en louant un camion de 20m3.
Aller en train lundi, nuit chez mes amis à côté d’Agen et retour en camion le mardi.
Le trajet en train partait d’Avignon centre vers 13h30 direction Nîmes pour une correspondance à 14h30 pour arriver à Agen vers 18h30. C’était le plan initial…
TOME I: Tout est possible avec la SNCF
Chapitre I: La gare d’Avignon
Pour commencer l’aventure, j’ai voulu tester le TER à partir d’Entraigues pour me rendre au centre ville d’Avignon. A bord, alors que j’échangeais sur des phrases d’un haut niveau philosophique avec Tibo, je reçois un petit message de la SNCF (je résume): « Votre train direction Nîmes a été supprimé ». Ah?! Celui que je prends dans une demi-heure, formidable!
Arrivé dans la gare d’Avignon, je me rends à la billetterie et je commence à échanger avec un voyageur mécontent, forcément! Quand c’est à mon tour, la dame au guichet me demande: « Qu’elle est votre destination finale? » « Oh bah si je puis me permettre, je n’ai que 37 ans, j’ai encore des choses à vivre, donc laissez moi encore un peu de temps s’il vous plaît, sinon pour le train d’aujourd’hui c’est Agen ». Apparemment, cette réponse a permis de détendre un peu l’atmosphère, car les autres voyageurs étaient un peu tendus. J’ai aussi demandé par la même occasion, un verre de champagne, des petits fours au saumon et si possible un massage. Elle m’a dit qu’elle avait tout noté sur les nouveaux billets. Les nouveaux billets d’ailleurs. Départ d’Avignon 15h30, changement à Nîmes, changement à Toulouse et arrivée à 21h à Agen. Tout de suite, cela fait une bonne différence.
Petite remarque. L’initiative heureuse de la SNCF de mettre des pianos à disposition dans les gares qui permettent des belles vidéos sur youtube d’artistes, oui c’est sympathique. Sauf quand c’est quelqu’un qui a juste envie de faire du bruit. Déjà que c’est difficile de parler à travers l’hygiaphone, mais avec le brouhaha de l’instrument, c’est insupportable.
Revenons à nos TER. Le train part dans deux heures. Je retourne à Entraigues par le TER, n’ayant rien à faire de mieux. Intermède chez des amis pour prendre le café. De retour à la gare, je me rends voie E, je croyais que c’était la voie E… Particularité que j’ai découverte à la gare d’Avignon, la voie E est en fait dans la prolongation de la voie 1 où je me trouvais. Hors à trois minutes du départ, ne voyant pas le TER, j’ai une intuition et je vois au loin sur la voie E le train, je m’y précipite en emmenant avec moi un autre voyageur que j’avais mal orienté par la même occasion.
Je monte par la première porte où il n’y avait pas trop de monde. Je reste dans le sas debout. Le TER démarre.
Chapitre II: Contrôle des tickets
Quelques instants après, le contrôleur passe et annonce à voix haute: « Contrôle des tickets, merci de préparer vos titres de transports, cartes de réductions et pièces d’identités ». Et quelques instant plus tard, trois jeunes gens, deux demoiselles et un jeune homme, partent dans le sens inverse du contrôleur et de la police ferroviaire, tiens donc, comme c’est bizarre… Le contrôleur les interpelle pour les faire rebrousser chemin. Le jeune a une illumination d’intelligence en se cachant dans les toilettes, bravo, c’est très très futé devant la police. En attendant, les deux jeunes femmes se présentent au contrôleur.
Le contrôleur: « Bonjour mesdemoiselles, avez-vous un titre de transport? »
La première: « Monsieur, j’peux vous expliquer »
Le contrôleur: « Hop hop, je ne veux pas écouter vos explications, je vous pose une question simple, oui ou non, avez-vous un titre de transport? »
La première: « Non, mais j’peux vous expliquer »
Le contrôleur: « Quel âge avez-vous? »
Les deux: « On a quatorze ans »
Le contrôleur dit à la policière d’intervenir dans un premier temps. La policière qui leur demande leurs papiers qu’elles n’avaient pas. Mais certainement par expérience, leur demande d’afficher l’application ProNote sur leur smartphone. L’une des deux cache avec sa main le haut du smartphone, la policière demandant d’enlever sa main pour que le contrôleur constate et identifie, la demoiselle refuse car la photo la montre avec ses cheveux découverts.
Après quelques minutes à tergiverser et n’ayant pas de d’argent sur elles, le contrôleur décide de leur dresser un procès verbal.
La deuxième: « C’est quoi M’sieur un procès verbal? »
Entre temps le jeune homme sort des toilettes et c’est le policier qui lui demande de fouiller son sac, avec la question: « Avez-vous un objet piquant, tranchant? »
Le garçon: « J’ai un opinel, mais il est à moi! »
Le policier: « Ça ne change rien »
Une fois les procès verbaux délivrés, le spectacle n’est pas fini! Car le contrôleur et les policiers attendent car il y a tellement de monde, mais l’une des deux, et je ne sais quel éclair de génie lui a permis de dire cela, en ayant le policier juste devant elle dos tourné.
« De toute façon c’est la troisième amende que j’ai, j’en ai pour 400€ et je ne les paye pas »
Le policier se retourne: « Sachez que si vous avez plusieurs amendes non réglées et que vous attendez, cela deviendra un délit. Et un délit c’est possiblement une peine de prison ».
La fille: « Ah ouais? j’vais faire de la prison pour ça? C’est trop abusé la vérité! Mais sais pas comment on les paye »
Le policier lui ré-explique comment payer, mais il semble que cela soit peine perdue…
Chapitre III: Métro parisien à Nîmes
Nous arrivons à la gare Nîmes Pont du Gard. J’étais toujours dans le sas debout avec mon sac à terre entre mes jambes. Les portes s’ouvrent et là… Une marée humaine essaye de monter dans le TER, avec en bonus, la poussette et la maman qui essaye de la faire monter, avec de l’aide elle monte, mais la poussette est trop large, elle ne passe pas dans l’allée. Et les gens commencent à râler: « Avancez, ça va fermer! », une première fois les portes essayent de se fermer mais sont bloquées par les passagers encore dehors. Je me retrouve plaqué sur le côté avec mon sac à dos mis sur la poubelle pour prendre le moins de place possible. Les gens poussent, la poussette recule dans le sas pour laisser les gens passer dans les allées presque pleines. Et là, le bonus du bonus! Une deuxième poussette! Mais il n’y a quasiment plus de place, elle essaye de monter, je l’aide en prenant une poignet de la poussette, je tire, elle rentre comme elle peut et la porte arrive enfin à se fermer.
Nous voici parti pour environ vingts minutes de trajets direction la gare de Nîmes centre pour mon premier changement. Et déjà que tout le monde est compressé, c’est à ce moment là que la douce mélodie commence à sortir de la première poussette: « OUIIIIIIIIIN, OUIIIIIIIIN ». La mère qui lui parle en espagnol j’ai eu l’impression, pour le calmer. Ça marche. Ouf! Et à la suite: « OUIIIIIIIIIN, OUIIIIIIIIN ». Le bébé de la deuxième poussette commence à crier. Regard gêné de la mère. Et cerise sur le gâteaux. Le premier bébé qui se remet à crier, nous avons eu le droit à un concert symphonique. Ça me fait penser au piano dans la gare d’Avignon…
Nous arrivons enfin en gare de Nîmes centre, je sors de ce mélodieux TER et je vois encore pleins de personnes essayant de rentrer. Bon courage à eux avec les artistes à l’intérieur. Quant à moi, la suite de l’aventure!
Chapitre IV: Go To Loose
Sur le quai en train d’attendre le train en direction de Toulouse, je discute avec le passager que j’avais déjà rencontré en gare d’Avignon. Forcément, il n’est pas content, c’est inadmissible et promet de ne plus jamais reprendre le train.
Je vois arriver le train, un vieux train, les anciens train avec les bandes oranges et gris sale. Je me dis que cela va être long jusqu’à Toulouse. Et j’ai eu une mauvaise pensée, j’ai été médisant. Car quand je monte dans la rame, je découvre un intérieur moderne, spacieux et très agréable. L’allée centrale est originale car elle n’est droite, ce qui permet d’avoir des allées réparties de trois sièges d’un côté, un de l’autre, parfois deux – deux, des emplacements spacieux pour les bagages et des prises pour recharger les appareils partout.
Sièges confortables, tout seul sur trois sièges, je me dis que ça va être bien! Au bout de quelques minutes, je reçois une notification de la SNCF, c’est à propos du train que je n’avais pas pu prendre, ce dernier à lui aussi des problèmes, il est à l’arrêt pour assistance à un voyageur. Je continue à recevoir cette notification assez régulièrement et au bout de quelques fois, le message change: « Problème d’alimentation électrique (Assistance à un voyageur) » Je ne vois pas trop le rapport. Et ça continue régulièrement. Arrivée à une gare intermédiaire dont je ne me souviens plus le nom, deux dames viennent s’installer à côté de moi, nous commençons à discuter de nos mésaventures du jour car elles aussi étaient impactées de leur côté mais sur un autre ligne. Décidément, la SNCF n’a pas de chance aujourd’hui… Et c’est vraiment le cas quand une annonce est passé par la contrôleuse: « Mesdames Messieurs, suite à une rupture électrique après la gare de Carcassonne, nous serons forcé de nous arrêter à la gare de Carcassonne pour une durée inconnue, la gare de Toulouse n’accepte plus de voyageur car elle est surchargée ».
C’est très gênant… Car il s’agit de la gare qui me sert de correspondance pour arriver à Agen et surtout que de rester bloquer à Carcassonne c’est loin de l’arrivée.
Du désespoir commence à envahir les voyageurs autour de moi, mais nous continuons à plaisanter car il ne reste plus que cela à faire.
Le message de la contrôleuse est renouvelé plusieurs fois. Et une demi-heure plus tard, un message qui nous a fait beaucoup rire. « Mesdames et Messieurs, bonne nouvelle! L’électricité a été rétablie après Carcassonne et nous pourrons continuer notre parcours avec quelques minutes de retard. Mais nous ne savons pas si c’est la vérité, nous vous tenons au courant dès que possible »
Alors là. Ne pas être sûr si c’est « la vérité » que l’électricité a été remise ou non. J’ai l’impression qu’il y a depuis quelques années une pression tellement intense pour avoir « des informations, toujours des informations! » à la mode chaînes d’infos non-stop. La SNCF préfère nous dire quelque chose de pas sûr plutôt que d’attendre une confirmation. Étrange façon de communiquer…
Mais finalement nous arrivons à Toulouse vers 19h30. Mon prochain train étant à 20h07 direction Agen. Les gens avec qui j’ai partagé le trajet me souhaite bonne chance pour la suite du trajet. Mais cela devrait bien se passer, je n’ai plus qu’un train à prendre pour arriver.
Plus qu’un train à prendre, c’est ce que je croyais…
Chapitre V: Changement de transport
Je me rends à l’entrée de la gare pour prendre connaissance de la voie de départ de mon train suivant. Rien d’affiché au sujet de la voie. Je pars me promener en dehors de la gare sur le parvis, malheureusement, il fait nuit et il pleut… Mais je tourne quand même aux alentours. Je reviens au tableau d’affichage et là, encore une mauvaise nouvelle, le train est annoncé avec vingts minutes de retard… Je préviens Stéphane que j’arriverai vers 21h20 finalement. Quelques minutes plus tard, le retard passe à vingt-cinq minutes…
Je ne préviens même pas Stéphane… Car qu’est-ce que c’est que cinq minutes après des heures de retard?
Quelques minutes après, alors que je regardais une vidéo sur mon téléphone, j’entends beaucoup de gens râler fortement d’un seul coup. Je lève les yeux en direction du panneau et là stupeur. Train en direction d’Agen supprimé.
J’envoie rapidement un SMS à Stéphane pour le prévenir et je regarde vite sur l’application SNCF le prochain train. Oui il y a bien un prochain train vers Agen, le lendemain à 6h. C’est un peu plus compliqué d’un seul coup.
Stéphane m’appelle, je réponds et lui explique ce qu’il en est et mon intention de trouver un bus ou un taxi pour le rejoindre, il me dit qu’il allait chercher aussi de son côté, mais qu’il comptait venir me chercher même si c’est à 1h20 de voiture vers Toulouse depuis Agen. Et tandis que je parlais avec Stéphane, une annonce au micro dans la gare: « Pour les personnes qui devaient prendre le train en direction d’Agen et Cahors, un bus de substitution va arriver, merci de vous rendre à la gare routière, le bus partira à 20h30 ». Étant déjà en ligne avec Stéphane, il entend l’annonce. Je raccroche et je sors assez prestement de la gare et vu que je m’étais un peu baladé quelques minutes auparavant, j’ai pu vite me rendre à la gare routière. J’ai la chance d’être parmi les premiers à attendre sur le quai 22. Et en me retournant, je vois beaucoup beaucoup de gens arriver. A s’interroger sur la capacité de faire rentrer tout le monde ainsi que les bagages dans le bus.
Le bus arrive aux alentours de 20h30, un monsieur avec le bel accent du sud-ouest et le sourire nous invite à monter dans le bus en indiquant juste la gare d’arrivée de notre trajet. Il nous précise que ce bus allait s’arrêter aux mêmes gares que le train et qu’il allait mettre 2h30, donc arrivée à 23h. Certains pensaient que c’était une blague du conducteur, mais non, c’était bel et bien le temps réel du parcours.
Tout le monde arrive à trouver une place, le bus peut démarrer. Là aussi, il faisait nuit et il pleuvait, donc pas grand chose à voir à travers la vitre, juste dans les phares du bus, car j’étais assis vers l’avant. J’ai pu apprécier les qualités de pilote du bus, les virages, les ronds-points, tout à la corde et même doubler les voitures dans les longues lignes droites. Il était tellement chaud qu’il y a même eu à une gare dont je n’ai pas vu le nom. Une marche arrière du bus dans une rue pendant environ trois cents mètres. En forme le pilote!
Finalement voir même tristement, nous arrivons enfin à la tant attendue gare d’Agen vers 23h. Stéphane m’attendait dans sa voiture. C’est tout de même un soulagement d’arriver enfin chez eux environ vingts minutes plus tard. Ils m’avaient préparer un bon repas. Nous avons rigolé de ces aventures et j’ai pu enfin goûter au repos et faire un gros dodo dans une grande maison de type mas rénovée par Stéphane de A à Z. Il était 2h du matin quand j’ai pu aller me coucher. Pour ceux qui me connaissent, vous savez à quel point pour moi, 2h du matin c’est « le bout du monde »!
Mais merci encore à la SNCF pour tous ces rebondissements qui m’ont permis de passer une très bonne journée dans les transports. D’habitude quand je passe presque douze heures dans les transports, c’est pour aller vers la belle Polynésie. Mais là, c’était vers le sud-ouest.
Bientôt la suite! Car le lendemain fut sympathique aussi, pas aussi trépidant, mais quelques surprises.
A bientôt